Le sélectif d’élevage

Il m’est facile de parler du sélectif d’élevage en utilisant comme référence le Cairn Terrier , car c’est une race qui me passionne depuis bientôt 40 ans. Je pense qu’il peut en être de même avec les autres races; mais cette affirmation n’engage que moi !

Mes maîtres en la matière ont été et sont encore des éleveurs dignes de ce qualificatif, animés uniquement par l’amour de la race et le respect du standard, condition sine qua non. J’en ai retenu des règles à ne pas transgresser qui m’aident et me soutiennent dans cette entreprise.

Les grandes familles

Il existe quelques grandes familles de Cairns qui se distinguent en particulier par leurs types toujours constants à travers les décennies. Cela a permis de définir pour chacune d’elle un Cairn terrier bien particulier et bien différent d’un élevage à un autre. C’est tout à leur honneur car cela offre une base de sélection exceptionnelle.
Il faut bien entendu étudier chaque élevage que l’on pourrait considérer de référence tout en gardant en tête le standard officiel. C’est un long travail de recherche où il faut s’investir sans compter car cela demande beaucoup de temps
et de fait des frais importants.
Cela en vaut la peine car petit à petit l’image de votre Cairn idéal se dessine dans votre tête et c’est celui là qui doit rester votre objectif. Attention à ne pas jouer aux apprentis sorciers et de galvauder un long et rigoureux sélectif d’élevage.

Je ne peux m’empêcher de penser à certaines personnes qui telle une abeille butine d’un élevage à un autre sans se soucier du type. Elles s’évertuent à effectuer de “savants mélanges” en fonctionnant à l’inverse de la logique de l’élevage. Avec un potentiel génétique trop large il faut s’attendre à voir arriver dans l’élevage des choses bien surprenantes, en particulier lorsqu’elles s’écartent du standard.

Des dérives regrettables

Pour le nouvel amateur qui n’a aucune notion en cynophilie le choix d’un chiot apparaît comme quelque chose de bien difficile, surtout si il se réfère aux origines. Il se laisserait facilement séduire par la lecture d’un pedigree comportant une multitude de champions venant de droite et de gauche en mettant en évidence l’absence de consanguinité .Le fait d’avoir dans les origines de son chien des sujets venant des meilleurs élevages semble être un bon argument mais cela ne doit pas être en soit une référence absolue.
Attention certains élevages, le plus souvent peu scrupuleux cachent des défauts parfois graves engendrés par leurs géniteurs ou ne déclarent pas les vrais parents.
A l’étude des pedigrees des chiens venant des meilleurs élevages, on constate souvent plusieurs chiens de la même généalogie. La plus part du temps on retrouve un étalon ou une lice comme pivot .Il y a là sans aucun doute une recherche caractérisée de fixer un type et par conséquent de mettre en avant des qualités bien définies.
Dans cette technique de sélection l’apport de multiples origines est bien évidemment proscrit.
Malgré tout il ne faut en aucun cas négliger l’apport d’un nouveau sang, on appelle cela : “faire de la retrempe”. C’est une opération très délicate car un certain nombre d’éleveurs s’y sont cassé les dents. Je pense que cela est du principalement au non respect du type initial.

Il m’est arrivé plusieurs fois d’importer un nouvel étalon avec tout ce qu’il faut pour séduire le plus exigent des cynophiles et bien sur en respectant le type. Néanmoins si après avoir utilisé cet étalon 3 ou 4 fois sur des chiennes d’excellente qualité, on constate qu’il n’apporte rien de plus à l’élevage et qu’au contraire il laisse apparaître quelques écarts dans le standard et dans le type. Il faut alors prendre la dure décision de le retirer de l’élevage. C’est bien difficile de donner un chien qui a vécu 2 ou 3 ans avec vous en faisant partie de la famille. Inutile de vous dire le grand vide que cela laisse dans la maison, mais on ne peut contourner les exigences du sélectif d’élevage.

En fait définir le type de son élevage et le mettre en place semble être une entreprise réalisable et passionnante. Les composants de cette “merveilleuse cuisine” sont tout d’abord un bon apport génétique, l’amour de la race, le sérieux, l’obstination et le refus de l’a peu près.
Ensuite le plus difficile reste à faire, continuer dans la même ligne de conduite en restant fidèle à l’image de son élevage, sans avoir peur de se remettre en question le plus souvent possible.

Par Hervé Fontaine